vendredi 16 juillet 2010

Les colts en or

Article paru dans le Ouest France du 30 juin dernier :


L'ahurissante panoplie du musée des « Narcos »


L'armée mexicaine expose des saisies, dignes d'un film de James Bond. Plongeon dans la culture tape-à-l'oeil et sanguinaire des narcotrafiquants.

Mexico. De notre correspondant

Colt 45 en or, blouson blindé, implant chirurgical rempli d'héroïne... L'étonnant musée des stupéfiants à Mexico lève le voile sur l'univers kitch et violent des cartels de la drogue.

Fermé au public, ce lieu a été créé en 1985, dans l'enceinte de l'État-major de l'armée. « L'idée est de former les militaires aux techniques et à la culture des narcos pour mieux les combattre », explique le capitaine Claudio Montane, guide de l'exposition.

« Des implants fessiers »

La visite débute par l'histoire des drogues : « La consommation d'opium ou de cannabis remonte à plus de 1 000 ans avant Jésus-Christ. Quant à la morphine et l'héroïne, leur usage a explosé durant la seconde guerre mondiale », commente l'officier en pointant des échantillons de gomme d'opium, de cocaïne blanche et noire, de crack ou de cristal.

Dans les salles suivantes, les cuves d'un laboratoire clandestin laissent place aux roues de camion, planches de surf, poteries à double fond et même tacos fourrés à la cocaïne pour passer aux États-Unis, premier consommateur mondial. Une photo de l'autopsie montre une femme ayant subi une opération de chirurgie esthétique. « Ses implants fessiers contenaient 4 kg d'héroïne. Une poche s'est percée. Elle est morte d'une overdose ».

Ahurissante panoplie complétée par une salle consacrée aux goûts tout aussi hallucinant pour les objets bling-bling : téléphones portables couverts de pierres précieuses, vêtements blindés, autel dédié à « Malverde » (le Mal vert), le saint des trafiquants. « Son culte fait partie intégrante de la 'narcoculture' ». Mais le plus frappant reste ces Colt calibre 38 ou 45, plaqués or. Certains sont sertis de diamants, d'autres ont les visages de héros révolutionnaires, comme Pancho Villa ou Emiliano Zapata, gravés sur la crosse.

Armes de gros calibres (fusils AK-47, mines antipersonnel et lance-roquettes) concluent l'exposition sur une touche guerrière. À la sortie, une plaque commémorative rappelle que 166 militaires ont été tués depuis trois ans et demi dans un conflit qui a fait 23 000 morts au Mexique.

Frédéric SALIBA.

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